La Godasse Trégueux: Kergrist-Moëlou : une escapade bucolique et patrimoniale.

Aujourd'hui, c'est le retour des randonnées à la journée et, pour inaugurer la série de ces belles journées conviviales et sportives, le programme a été confié à notre nouvel octogénaire, Denis P, qui a absolument voulu nous emmener au pays de son enfance, Kergrist-Moëlou, accompagné de son épouse Annie.

Pour la matinée, 20 personnes se sont inscrites tandis que 5 autres personnes ont préféré rejoindre le groupe pour le pique-nique du midi et la balade de l'après-midi. Nous avons rendez-vous sur le parking de la Salle des Fêtes. La météo est prévue nuageuse en matinée, plus ensoleillée par la suite mais toujours avec un petit vent d'Est bien frais.

Matinée

C'est un petit bijou de circuit que nous avons découvert : 9 km de marche dans les bois et ne parcourir que 300m de bitume, c'est plutôt rare ! Après avoir traversé le Bois de Kergrist, place au Bois de la Salle puis au Bois de Follezou. Notre sentier suit souvent de longues tranchées arborées, entrecoupées de jolis rus où coulent une eau très claire sur un lit de gravier. Ici aussi, la forêt a été martyrisée par les tempêtes hivernales. Il est fréquent de voir d'imposants hêtres couchés dans les bois, des chênes magnifiques aux branches brisées ou pendantes, nous obligeant à chercher d'autres voies de passage.

Que c'est bon de marcher dans un tel endroit ! Loin de tout, seuls au monde, bercés par les mélodies du clapotis des nombreux ruisseaux, par le gazouillis des chants d'oiseaux, baignés des couleurs verdâtres naissantes aux branches des arbres.

Si le bonheur est dans le pré, en cette matinée, pour nous, le bonheur était dans les bois de Kergrist-Moëlou.

Pique-nique

Il est 12h45 quand nous revenons à notre parking où nous retrouvons nos amis venus nous rejoindre. Il est temps pour Annie et Denis de nous emmener sur le lieu de notre pique-nique : l'enclos paroissial de l’Église Notre-Dame de Bon Secours.

Quel lieu magnifique ! Un calvaire incroyable, un ossuaire, une église de toute beauté. Vraiment, cet ensemble architectural mérite d'être visité.

Notre guide nous rappelle qu'il y a peu de temps il est devenu octogénaire. C'est pourquoi il tient à marquer cet événement en notre compagnie en nous offrant l'apéritif du jour.

Puis c'est l'heure du pique-nique au pied de cet immense édifice. Le soleil est généreux, comme nos hôtes qui closent notre repas en nous offrant un délicieux far breton.

Intermède

Mais avant de repartir sur les chemins environnants, place au petit moment culturel de la journée. Jugé sur sa pierre de criée, l'enfant du pays veut nous faire connaître l'histoire locale et ses souvenirs d'enfance : l'école communale avec ses 30 élèves dont la langue officielle était le breton. Puis l'évocation de toutes ces célébrités locales dans le domaine sportif ou artistique : l'entraineur de football Michel Le Millinaire, l'humoriste Jean Kergrist, le chanteur Glenmor, l'actrice Danielle Evenou , le coureur cycliste Loïc Le Flohic, l'aviateur Pierre Le Gloan, etc... Sans oublier de nous citer Joseph Lec'h-Vien, dénommé Job, l'emblématique curé aux mille visages : traducteur de la Bible en breton, arbitre de football, maçon à ses heures pour aider à la restauration d'une chapelle voisine.

Pour terminer ce moment, Denis nous vante les mérites du poète local, Frédéric LEBONHOMME, en nous lisant l'un de ses poèmes : "le dernier des meuniers"

Ton berceau n'est pas loin, oh petite rivière,
Toi qui sors de ce mont dessous les grands rochers.
Tu gazouilles gaiement en roulant sur la pierre
Et joyeuse tu vas, ne cherchant qu'à chanter.

Tu traverses la lande et la forêt obscure
En grossissant ton cours de cent petits ruisseaux.
Et bientôt étonnée, tu as pris de l'allure
Déjà l'on t'a choisie pour de rudes travaux.

Car la roue du moulin, il faut bien qu'elle tourne
Pour que le bon meunier puisse moudre son grain.
Pour que le monde vive, il faut bien qu'on enfourne
Et te voilà utile aux pauvres gens humains.

Te voilà bien utile, oh petite rivière,
Et depuis deux cent ans tu fais bien ton métier.
Tu as vu des meuniers, tu as vu des meunières
Mais hélas tu as vu, tu as vu le dernier.

Oui, et de celui-là tu peux en être fière
Et fier le vieux moulin qui sombre avec lui.
Celui qu'on appelait Vincent du pont de pierre
A quatre-vingt-cinq ans est rentré dans la nuit.

Digne de ce marin vaincu par la tempête
Sur son vaisseau brisé demeure seul à bord
Refusant le salut, il relève la tête
Ensemble ils ont vécu, ensemble ils sont morts.

Et nous n'entendons plus sur le bord de ton onde
Le refrain que chantait le dernier des meuniers
Quand ton flot jaillissait dans une folle ronde
Et reprenait son cours sur le sable doré.

Mais toi qui continues, oh petite rivière,
Chante dans la vallée, chante avec les oiseaux
La douce mélodie, la fervente prière
A ce vieux capitaine mort sur son bateau.

Et peut-être qui sait dans la nuit calme et douce
Une âme reviendra en ces lieux familiers.
Peut-être entendras-tu des pas frôlant la mousse
Peut-être verras-tu l'ombre du vieux meunier !

Après-midi

Mais voilà que les cloches sonnent les 15 coups ! Le cadran solaire de l'église indique également son heure : il n'est que 13 heures au soleil ! Il va être temps de repartir pour une petite balade digestive en campagne. Au passage dans le vieux bourg aux maisons anciennes qui lui donnent "un petit air de Locronan", Denis nous indique les maisons des célébrités locales. Quelques personnes pointent leurs visages aux portes, intriguées par le brouhaha de notre joyeux petit groupe. Denis ne peut s'empêcher de se rappeler à leurs bons souvenirs.

Notre promenade de l'après-midi n'a pas le charme de la matinée. En suivant une route gravillonnée, Denis nous emmène aux abords de la frontière avec la commune de Trémargat, au lieu-dit Bel Air. Nous sommes au point culminant de la commune, et un vaste panorama s'ouvre à nos yeux.

Créé en 1969 au moyen d'une SCI locale, Bel-Air est une zone étonnante où sont éparpillés divers types d'habitations vétustes : caravanes, chalets ... Un petit air de mai 68 flotte au milieu de ce lieu hors du temps.

C'est par le même chemin que nous retournons à notre point de départ. Nous le retrouvons après avoir parcouru 6.5 km.

Merci à Denis et Annie pour cette magnifique journée qui nous a permis de découvrir Kergrist-Moëlou. C'est sûr, désormais nous ne verrons plus ce village du même œil !